J'ai eu un grand plaisir à intervenir toute l'année 2019 dans l'atelier thérapeutique de peinture de l'Hôpital de Morlaix, pour l'association Stand-Arts.
Un grand merci à tous les participants des deux groupes, à l'équipe de référents infirmiers et à l'encadrement de l'hopital et de l'association. Cette très belle expérience a donné lieu à plusieurs expositions dans lesquelles les oeuvres ont été présentées au public, à la mairie de Morlaix, à l'EHPAD Mont-Leroux de Huelgoat ainsi qu'à la résidence Saint-Michel de Plougourvest.
C’est un vrai plaisir d’animer l’atelier peinture de l’ATA depuis janvier 2019 et d’y pratiquer, à chaque séance, une expérience de peinture simple et spontanée. Ces premiers mois ont été l’occasion de partager mes recherches plastiques, celles-ci étant habituellement réservées à mon propre atelier. Ils ont surtout été un moyen, pour les patients, de s’approprier ma proposition et de restituer, chacun à sa façon, des émotions peintes dont j’espère qu'on appréciera la beauté.
Nous utilisons de la peinture acrylique, qui se mélange avec de l’eau. Celle-ci présente de nombreux avantages, notamment une grande facilité d’utilisation, mais aussi des inconvénients, comme de sécher très vite, trop vite à mon goût, et de rendre la création d’effets de texture ou de matière difficiles sans ajout de produits spécifiques, onéreux et chimiques. C’est à partir de ces constats que j’ai expérimenté depuis environ dix ans une technique de peinture qui consiste à utiliser, en plus de la peinture, du papier absorbant. Le papier, va absorber l’eau et ralentir le séchage tout en garantissant une adhérence de l’ensemble au support. En effet, l’eau, qui sert de vecteur à la peinture, va imbiber le papier et entraîner la peinture avec elle. En séchant, le mélange constituera une croûte texturée, apte à recevoir à nouveau de la peinture ou de l’eau, mais aussi susceptible d’être décollée, voire arrachée.
Le travail s’effectue donc par couches successives, un délai de séchage étant nécessaire entre chaque séance, où les peintures sur papier doivent être mises sous presse. A chaque séance s’entame donc un dialogue entre nous et les peintures sur ce qui a été fait la fois précédente, sur la façon dont la perception a été modifiée par le séchage, mais aussi par l’humeur du jour, par ce qu’il faut ou non apporter pour améliorer l’ensemble, par l’interrogation « est-ce terminé ou non ? ».
L’approche dite abstraite de mon propre travail n’est pas imposée, même si une majorité a choisi de la suivre. La thématique principale a été le paysage, à entendre et considérer au sens large (paysage géographique, traditionnel, onirique, mental…). La contrainte a été d’appréhender les couleurs chaudes ou les couleurs froides. L’intention générale est de dégager de l’émotion, sans enfermer le spectateur dans une interprétation restreinte. Je trouve ça réussi, bravo à toutes et tous !